Saturday 15 November 2008

Réflexions autour du 8ème congrès de l'USFP

Après trois jours d'échanges houleux et de débats passionnants, les militants ittihadis ont fini par trancher en élisant un nouveau premier secrétaire et un nouveau bureau politique de 22 membres dont la moitié y accèdent pour la première fois.

Le moment phare du congrès fut incontestablement lors de l'adoption d'un communiqué général sanctionnant la fin des travaux. Un communiqué fort et sans concessions - quant à la situation critique du parti - et dressant un diagnostic précis de la crise politique que traverse le pays. De plus, le communiqué met fortement l'accent sur la nécessité d'unir les forces de gauche, tout en évitant de citer la Koutla comme le premier cercle d'alliances possibles. Quant à la participation gouvernementale, le congrès a opté pour une formule consensuelle conditionnant la permanence de l'USFP dans le gouvernement El Fassi, par l'élaboration au sein de la Koutla d'un agenda politique (à très court terme) intégrant les points suivants :
1- des réformes politiques & institutionnelles (avec le concept de "monarchie parlementaire" en perspective)
2- l'ouverture sur les forces de gauche
3- la préparation des élections communales de 2009

Sur le papier, L'USFP a bien réussi à relever les défis qu'il s'était fixé à la veille du 8ème congrès, à savoir : se doter d'une nouvelle ligne politique et élire un nouveau leadership. Cela dit, je me pose la question quant à la viabilité d'adopter une telle ligne politique et de choisir, en même temps, un nouveau secrétaire connu dans l'imaginaire populaire par sa docilité vis à vis du pouvoir. En effet, de nombreux militants doutent de la capacité du nouveau 1er secrétaire d'aller au bout de la feuille de route tracée par les congressistes. Ses partisans, quant à eux, mettent en avant ses qualités de négociateur et d'homme de consensus, et le présentent comme le choix de la prudence face aux risques d'implosion qui planaient sur le parti depuis le premier round du congrès. Néanmoins, M. Radi commence d'ores et déjà à s'attirer les foudres d'une large frange de la jeunesse ittihadie suite à des déclarations dans lesquelles il se rétracterait de son engagement de quitter le ministère de la justice au cas où il obtiendrait la primature de l'USFP. Il n'y a certes aucune disposition légale ou statutaire imposant à Radi de quitter son poste ministériel. Mais cela va de sa crédibilité personnelle et de la crédibilité de tout un parti qui souhaite délivrer un message de renouveau et de rupture avec le passé à l'ensemble des citoyens marocains.

Sans nul doute, le 8ème congrès de L'USFP fut une mini-réussite dans la mesure où çà a permis d'enterrer, une fois pour toute, la fameuse "légitimité historique" et de planter les premières germes d'une démocratie interne que l'on veut plurielle, respectueuse du droit à la différence et instauratrice de la légitimité démocratique basée sur la souveraineté des urnes et du choix des militants. Il est donc grand temps que la base prenne les choses en main, et que les militants soient eux même garants du respect et de l'application des conclusions de ce congrès, et ce en mettant un terme aux pratiques de suivisme et de délégation des décisions cruciales au BP, et en instaurant de véritables mécanismes de contrôle au niveau du conseil national et des régions.

Mais qui sait ? Ce n'est peut être que l'euphorie de l'après congrès qui me fait croire à l'avenir et garder ce semblant d'optimisme !

7 comments:

Anonymous said...

Franchement Souhail je ne comprends pas. je ne comprends pas comment à chaque fois vous révisez vos ambitions en baisse.
aujourd'hui même la démission de Radi du ministère n'est plus de mise! vraiment c'est décevant!
Un parti c'est son leadership. Il se résume parfois à sa première figure. En faisant le choix de Radi, un homme d'un autre temps, il donne une image déplorable de leur parti. A l'ère d'Obama et de Zapatero c'est decevant.
de congrés en congrés y a que du recul. Le manque de courage. Quand il y a quelques années l'USFP aurait du se retirer du gouvernement . Aujourd'hui en faisant le choix d'un homme du passé. Et en faisant l'impasse sur sa promesse de démissioner du ministère.
vous acceptez tout maintenant. Et il n'est pas étonnant que le peuple se détourne de plus en plus de l'USFP . quel gachis!

Anonymous said...

RADI ne démissionne plus....On va encore dire que le palais qui l'empêche de démissionner....

L'USFP fut un grand parti...jadis...Maintenant il me fait penser à "un ramassis de potentats repus"!

@ Larbi

Un parti ne se résume pas à sa première figure si derrière cette figure il n'ya pas de PROGRAMMME et d'IDEOLOGIE!

Anonymous said...

"Une U.S.F.P estampillée Makhzen" comme a titré dernièrement un hebdomadaire de la place...

Souhail said...

@Larbi & Hmida
Je suis d'accord en ce qui concerne l'élection de Radi. Sauf que je préfère prendre mon mal en silence et me dire qu'en fin de compte, 75% des congressistes n'ont pas voté Radi.

D'un autre côté, on ne peut vraiment pas dire que les usfpéistes ont revu leurs ambitions à la baisse qd on voit que le parti remet sérieusement la question des réformes constitutionnelles sur la table (après en avoir fait fi depuis 2002), qu'il se dit prêt à construire le tant attendu pôle de gauche et à se diriger résolument vers l'institution des courants et des tendances...

Cela dit, ma seule crainte est que tout cela ne soit que des slogans mobilisateurs qui s'effaceront dans qlqs temps, et que ces résolutions restent sans suite.

Anonymous said...

"D'un autre côté, on ne peut vraiment pas dire que les usfpéistes ont revu leurs ambitions à la baisse qd on voit que le parti remet sérieusement la question des réformes constitutionnelles sur la table"

Je ne sais pas de quelle année tu es natif mais il me semble que tu ignores que déjà du temps de Hassan II l'USFP de Bouabid avait un fond de commerce qui s'intitulait "les mémorandums concernant les réformes constitutionnelles". Rien que du Bussiness vulgairement parlant.


Paix à l'ame des Messieurs Ben Barka et Benjelloun.

Souhail said...

@Anonymous
L'UNFP militait à son tour pour l'élection d'une constituante. Etait-ce ce pour autant du "business vulgaire" comme vous avancez ?

Souhail said...

Dernières news: Radi quittera le gouvernement El Fassi

http://www.yabiladi.com/article-politique-1612.html