Friday 21 November 2008

Congrès de l'USFP : un sauvetage in extremis

Je publie ci dessous un article relatant une autre vision du 8ème congrès de l'USFP, celle de mon cher ami et camarade Marouane Mortabit. Bonne lecture.

Le huitième congrès de l’USFP : un sauvetage in extrémis !

Si tout le monde s’accordait à qualifier le deuxième round de notre congrès comme étant le temps politique fort de la saison, en revanche personne ne s’aventurait dans une quelconque prévision des résultats et de l’issue des travaux de ce congrès.

Il était extrêmement difficile après la clôture des travaux d’avoir une opinion tranchée, entre satisfaction en ce qui concerne la transparence et le déroulement démocratique des différentes étapes du congrès, et déception pour les plus enflammés qui attendaient de ce congrès une réponse claire et nette et une reformulation d’une ligne politique clairement ancrée à gauche et à l’écoute des forces populaires.

Le mode de désignation du premier secrétaire a contribué à brouiller le message tant espéré par nos concitoyens et que le congrès socialiste était censé émettre, alors que les marocains attendaient de nous une remise en cause de nos choix et orientations politiques, une critique de nos réalisations peu socialistes de cette dernière décennie, alors qu’il aspiraient à un renouvellement générationnel, à une vraie alternative politique qui contribuerait à émerger de grands pôles politiques et faciliterait la lecture de la légende de notre échiquier politique, on a élu un premier secrétaire symbole de la direction sortante, et responsable en partie de l’état actuel de notre parti qui cultive l’illusion politique en s’accrochant à des pseudo alliances politiques sans aucune cohérence idéologique.

Notre congrès a raté aussi son rendez vous avec l’histoire en manquant l’occasion d’offrir un plateau d’une direction rajeunie plus féminine et d’origines socioprofessionnelles diverses loin du diktat des seniors bourgeois et urbains, il aurait fallu offrir une équipe à l’image du Maroc.

si on a raté la cloche de la rénovation de notre offre politique on n’a pas réussi à sonner celle du rajeunissement et du renouvellement générationnel dans un Maroc jeune très jeune en soif de renouveau. il serait injuste d’ignorer l’important renouvellement qu’a connu le bureau politique, mais ceci est insuffisant pour un parti progressiste qui se doit d’être rénovateur et porteur d’une nouvelle pratique politique.

Cette messe socialiste aurait pu être un aboutissement aux interminables débats qu’a connu notre formation politique depuis les élections législatives, l’occasion d’exhausser les vœux de militants qui rêvaient que notre parti retrouve ses marques, réanime ses liens avec le monde travailleur et ouvrier, replonge dans son vocabulaire populaire qui faisait vibrer les marocains par milliers.

Ma seule déception de ce congrès reste la marginalisation des débats de fond sur l’éducation malgré les dangers imminents qui menacent l’existence d’un vrai service public d’éducation ouvert à tous et qui donne le droit à chacun et à chacune de pouvoir accéder au savoir et à l’information, on a oublié de parler pouvoir d’achat, salaires, et promotion sociale, santé, emploi et aménagement du territoire….

Par soucis d’équilibre et d’objectivité il est naturel de signaler un autre événement marquant du congrès, c’était sans doute le communiqué final qui a sanctionné la fin de nos travaux et qui contrairement aux deux précédents a eu le mérite de préciser l’horizon et la perspective de nos revendications politiques, avec une clarification de la nature de nos alliances en favorisant le dialogue avec la famille socialiste et l’ensemble des partis de gauche sans fermer pour autant la porte à nos traditionnels alliés qui doivent à mon sens dorénavant s’identifier à notre projet politique et social et tenter de construire des convergences fidèles à notre propre conception de la politique.

Un autre élément très important : le conditionnement de la participation au gouvernement du parti par les efforts qui vont être déployés par nos partenaires politiques pour permettre à l’USFP une meilleure participation qualitative et quantitative qui lui permettra véritablement de peser sur l’action publique et contrôler les égarements libéraux et les dérives droitières du ministre actuel des finances, la ‘actuelle direction politique aura la rude tache d’entamer les négociations relatives aux réformes politiques et constitutionnelles.

Si Certains minimalisent les progrès réalisés au niveau organisationnel, seuls les fins connaisseurs du parti s’accordent à considérer cette avance démocratique comme un tournant dans l’histoire de la démocratie interne de notre parti, le passage de la légitimité historique à celle démocratique bouleverse complètement les équilibres internes au parti et fera place j’espère à une confrontation de projets dans les échéances internes à venir.

Certainement on doit se féliciter des résultats de notre congrès mais que cela soit claire pour nous tous, on a fait que sauver l’unité du parti, on n’a pas encore retrouvé le chemin de notre électorat, on n’a pas répondu aux cris de détresse de nos concitoyens, mais avouons-le ! Notre opération de sauvetage in extrémis à Skhirat était une réussite, mais oui, malheureusement on a sauvé que l’appareil !

Saturday 15 November 2008

Réflexions autour du 8ème congrès de l'USFP

Après trois jours d'échanges houleux et de débats passionnants, les militants ittihadis ont fini par trancher en élisant un nouveau premier secrétaire et un nouveau bureau politique de 22 membres dont la moitié y accèdent pour la première fois.

Le moment phare du congrès fut incontestablement lors de l'adoption d'un communiqué général sanctionnant la fin des travaux. Un communiqué fort et sans concessions - quant à la situation critique du parti - et dressant un diagnostic précis de la crise politique que traverse le pays. De plus, le communiqué met fortement l'accent sur la nécessité d'unir les forces de gauche, tout en évitant de citer la Koutla comme le premier cercle d'alliances possibles. Quant à la participation gouvernementale, le congrès a opté pour une formule consensuelle conditionnant la permanence de l'USFP dans le gouvernement El Fassi, par l'élaboration au sein de la Koutla d'un agenda politique (à très court terme) intégrant les points suivants :
1- des réformes politiques & institutionnelles (avec le concept de "monarchie parlementaire" en perspective)
2- l'ouverture sur les forces de gauche
3- la préparation des élections communales de 2009

Sur le papier, L'USFP a bien réussi à relever les défis qu'il s'était fixé à la veille du 8ème congrès, à savoir : se doter d'une nouvelle ligne politique et élire un nouveau leadership. Cela dit, je me pose la question quant à la viabilité d'adopter une telle ligne politique et de choisir, en même temps, un nouveau secrétaire connu dans l'imaginaire populaire par sa docilité vis à vis du pouvoir. En effet, de nombreux militants doutent de la capacité du nouveau 1er secrétaire d'aller au bout de la feuille de route tracée par les congressistes. Ses partisans, quant à eux, mettent en avant ses qualités de négociateur et d'homme de consensus, et le présentent comme le choix de la prudence face aux risques d'implosion qui planaient sur le parti depuis le premier round du congrès. Néanmoins, M. Radi commence d'ores et déjà à s'attirer les foudres d'une large frange de la jeunesse ittihadie suite à des déclarations dans lesquelles il se rétracterait de son engagement de quitter le ministère de la justice au cas où il obtiendrait la primature de l'USFP. Il n'y a certes aucune disposition légale ou statutaire imposant à Radi de quitter son poste ministériel. Mais cela va de sa crédibilité personnelle et de la crédibilité de tout un parti qui souhaite délivrer un message de renouveau et de rupture avec le passé à l'ensemble des citoyens marocains.

Sans nul doute, le 8ème congrès de L'USFP fut une mini-réussite dans la mesure où çà a permis d'enterrer, une fois pour toute, la fameuse "légitimité historique" et de planter les premières germes d'une démocratie interne que l'on veut plurielle, respectueuse du droit à la différence et instauratrice de la légitimité démocratique basée sur la souveraineté des urnes et du choix des militants. Il est donc grand temps que la base prenne les choses en main, et que les militants soient eux même garants du respect et de l'application des conclusions de ce congrès, et ce en mettant un terme aux pratiques de suivisme et de délégation des décisions cruciales au BP, et en instaurant de véritables mécanismes de contrôle au niveau du conseil national et des régions.

Mais qui sait ? Ce n'est peut être que l'euphorie de l'après congrès qui me fait croire à l'avenir et garder ce semblant d'optimisme !