Saturday 28 June 2008

Mémoire du Mouvement Ittihadi

Maroc Réalités : Un site lancé en 1998 par feu Abdelghani Bousta (Wikipédia, Biographie détaillée), juste avant sa mort, où il regroupe un certain nombre de documents et archives relatant l'itinéraire du courant "Option Révolutionnaire" et du Parti de l'Avant Garde Démocratique et Socialiste (ancien USFP - Commission Administrative). Même à ce jour, le site est assez régulièrement alimenté et mis à jour avec de nouveaux documents & écrits politiques de l'époque.

Cette initiative est très louable. De plus, elle pose avec force la question de l'archivage et de l'écriture de l'Histoire du Mouvement Ittihadi, surtout que nos différentes structures (partis politiques, mouvement syndical, associations...) n'ont jamais prêté suffisamment d'importance à cette question ni à celle de la transmission de cet héritage commun aux nouvelles générations. En effet, la culture de l'oral prime toujours sur celle de l'écrit; et rares sont les leaders et figures historiques de la gauche marocaine, indépendamment des clivages et des sensibilités, qui nous ont légué leurs mémoires ou laissé des récits retraçant leur parcours militant. Espérons donc que tous ceux qui sont toujours en vie (puisse le bon dieu leur donner une longue vie) fassent mieux que leurs aînés morts dans l'oubli. Hélas !

Tuesday 24 June 2008

Evènements de Sidi Ifni : Les démocrates marocains en Belgique se bougent

Les démocrates marocains établis en Belgique (soutenus par diverses potentialités belges) ont décidé de ne pas rester les mains croisées face aux évènements dramatiques de Sidi Ifni. En dépit des divergences politiques et des difficultés organisationnelles qui avaient marqué d'autres initiatives communes par le passé (Al Monadara, union de la gauche... etc.), on a décidé - pour une fois - de mettre ces points de discordes de côté et de s'atteler sur l'essentiel : faire front commun contre la régression de la situation des droits de l’Homme au Maroc et dénoncer ce retour systématique à la répression violente & aveugle de toute forme de contestation légitime.

A cet effet, un rassemblement pacifique est prévu ce Mardi 24 Juin 2008, à 17h, face à l’ambassade du Maroc à Bruxelles, pour (je reprends le communiqué) :

- Exprimer notre soutien inconditionnel et notre solidarité inébranlable avec la population de Sidi Ifni,

- Dénoncer l’état de siège appliqué à la ville et l’intervention musclée par les forces de l’ordre, contre les habitants,

- Condamner avec vigueur, les violations graves des droits humains commises par les forces publiques,

- Demander la libération des détenus et l’arrêt immédiat des poursuites contre les jeunes,

- Revendiquer l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale sur les événements.


Par ailleurs, une carte blanche a été rédigée. Voir ci-dessous :



Sidi Ifni : le retour des années de plomb au Maroc ?

Le 30 mai dernier à Sidi Ifni, ville portuaire du Sud marocain d’environ 40 000 personnes, s’organisait de manière spontanée un sit-in à l’issue de la proclamation des résultats d’un recrutement public de quelques agents contractuels. Une centaine de « diplômés-chômeurs » laissés sur le carreau entendaient ainsi dénoncer l’absence totale de perspective de développement local malgré les très nombreuses promesses des autorités régionales.

Le 7 juin, après une semaine de blocage du port, un navire débarque avec à son bord des centaines de membres de la Compagnie Mobile d’Intervention. La presse et les associations locales rapportent qu’entre 150 et 300 personnes environ seront arrêtées et conduites les yeux bandés vers une destination inconnue tandis que des forces de l’ordre venues de tout le territoire occupent massivement la ville. D’après les témoignages, des acteurs associatifs, dont le responsable local du Centre marocain des droits humains, auraient été immédiatement interpellés et les protestations de la population violemment réprimées. Sidi Ifni est en état de siège. Dès le lendemain de l’occupation de la ville, une marche pacifique composée essentiellement des femmes de Sidi Ifni est également violemment réprimée. Un effectif de forces de l’ordre de 1300 éléments aurait été déployé selon la presse marocaine.

Associated Press (AP) et Al-Jazira, relayant le Centre marocain des droits humains (CMDH), ont fait état de plusieurs morts. Des vidéos circulant sur internet montrent les forces de l’ordre prenant d’assaut des domiciles et des habitations privés. De nombreuses associations dénoncent les viols et les vols qui auraient été commis lors de ces irruptions dans les maisons de Sidi Ifni. Par ailleurs, des journalistes indépendants marocains rapportent que la police aurait confisqué les outils de communication (GSMs, PCs, etc.) tombés en sa possession afin d’isoler la ville.

Reporter Sans Frontières (RSF) dénonce par ailleurs le retrait de l’accréditation du directeur du bureau de la chaine qatarie au Maroc. Et ce, précise RSF, alors que la Justice marocaine n’a pas encore rendu son verdict dans le procès de ce journaliste co-inculpé, avec un représentant du CMDH, de «diffusion de fausses nouvelles » dans le cadre de la couverture des évènements de Sidi Ifni.

Les Autorités marocaines réfutent en effet tant l’usage d’armes à feux que tout décès survenu lors de leurs opérations. Interpellé par le parlement sur les accusations de viols et de vols émanant de nombreuses associations ainsi que de personnes s’en déclarant victimes, le quotidien marocain Le Soir Echos rapporte que le ministre de l’Intérieur a déclaré: « Jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu de plainte officielle sur ces sujets ».

La Chambre des représentants a quand à elle décidé de constituer une commission d’enquête, au motif que les évènements de Sidi Ifni ont « été marqués par des informations et rumeurs contradictoires », confirme un communiqué du Parlement marocain.

Cependant, au regard de toutes les commissions d’enquête qui se sont multipliées sous le pouvoir de Mohammed VI, il convient d’en relativiser la portée. En effet, aucune Commission d’enquête au Maroc, qu’elle constate des violations graves des droits humains ou de simples fraudes, n’a jamais permis de déclencher la moindre action judiciaire. Il nous paraît dès lors aujourd’hui indispensable d’alerter l’opinion publique sur le sort réservé aux habitants de Sidi Ifni.

Par ailleurs, Sidi Ifni n’est pas un cas isolé et témoigne de la propension de plus en plus avérée du régime marocain à réprimer une contestation sociale dont les principales revendications constituent pourtant les fondements même d’un Etat démocratique moderne : la fin de la corruption et le respect des droits politiques, sociaux et économiques les plus élémentaires.

En ce sens, les signataires du présent appel expriment leur pleine et totale solidarité avec la population de Sidi Ifni et condamnent formellement dans son principe toute répression de revendications sociales ou politiques. Nous exigeons dés lors la levée de toutes les mesures d’exception qui frappent encore Sidi Ifni ainsi que la démilitarisation immédiate et inconditionnelle de la ville.

Les signataires réclament également la libération rapide des manifestants encore détenus ainsi que l’abandon de toutes les charges qui pourraient être retenues contre eux.

Enfin, nous demandons une enquête véritablement indépendante et impartiale afin de faire toute la lumière sur les « évènements de Sidi Ifni ». Si une telle enquête devait constater les exactions dénoncées, nous exigeons l’application la plus stricte du droit marocain ainsi que des traités et conventions ratifiés par le Maroc, notamment en cas d’assassinats, de viols, de tortures, de rafles et de perquisitions illégales.

Souhail CHICHAH (Chercheur ULB)
Aziz MKICHRI (La Voie démocratique-Section de Belgique)
Mohamed BENZAOUIA (Travailleur associatif)
Souhail CHENTOUF (USFP)
Luc VANCAUWENBERGE (Centre International)
Said EL AMRANI (Le Parti Socialiste Unifié- Section de Belgique)
Messaoud OURIAGHLI (PSU)
Mustapha BENTALEB (Conseiller communal Ecolo)
Pierre-Yves LAMBERT
Said ALAMI
Olivier MUKUNA (Journaliste)
Omar EL ABBOUTI (PSU)
Youssef DHAIBA (PSU)
Abdelghani BEN MOUSSA
Rachid ZEGZAOUI
Fatima AGRARI
Ahmed BAKKALI (USFP/ Bruxelles)
Sandrine CORTEN
Nouria OUALI (Chercheure ULB)
Abdelilah LAHBAILI
Abdeslam SARIE (Dounia News)
Elfatmi ALAOUI (PSU)
Dan VAN RAEMDONCK (Professeur ULB)
Mohammed FIKRI
Lucien BELVAUX
Mohamed BELMAIZI (Ecrivain)
Mohamed R'BAIBI (USFP Belgique/Syndicaliste à la FGTB)
Fadi BENADDI
Said LAMKADEM
Fatima GOURADA
Abdelkhaelk Gharrafi ( technicien informatique)
Benedicte HOMERGEN (SOS Migrants )
Hatim EL ASSRI (SOS Migrants )
Farida MEHIA (SOS Migrants )
Francine KOUABLAN (SOS Migrants)
Ali GUISSE (SOS Migrants )
Abderrazak Lazaar (Militant des droits de l’homme)
Hamid Bousghir (La Voie démocratique-Section de Belgique)
Mhammed Driouach (PSU section Belgique)
Said Boudouira (PSU section Belgique)
Abdelkhalek Gharrafi
Moustapha Qoriche
Moulay Elotmani (Educateur)
Fotoula Ioannidie (Animatrice)
Bob Roeck (Ex-délégué Caterpillar)
David Pestieau (Rédacteur en chef Solidaire)
Katia Van den Broucke (Groen)
Raymond Boucher (Syndicaliste)
Riet Dhont (PTB)
Philippe Santini (Etudiant ULB)
Nordine Saïdi (Mouvement Citoyen Palestine)
Nacira Bouaich
Chris Den Hond (LCR)
Paulette Pierson Mathy (Professeur honoraire ULB)
El Mahdi MADMAD
Karim MAJOROS (Militant ECOLO)
Walter DEVRIENDE (Parlementaire Fédéral Groen)
David COURIER (Journaliste)
Jean-Marie COEN (Porte-parole d'Attac Wallonie-Bruxelles)
Céline Delforge (Parlementaire bruxelloise Ecolo)
Kamal EL MESSAOUDI (Voie démocratique-section de Belgique)
Elizabeth Cohen
Selma Benkhelifa (Avocate)
Abdelhamid Messaoudi
Fouad Lahssaini (Député fédéral Ecolo)
Abdesselam Makhfi
Aouttah Khaled
Mounim Nounouh (militant progressiste)
Sfia Bouarfa (Sénatrice PS)
Saïda Lamouatagh (Attachée parlementaire PS)
Khadija Agday (Citoyenne marocaine)
Pedro DA NOBREGA (France)

Thursday 12 June 2008

Le 8ème congrès de l'USFP : entre rupture et continuité

A quelques semaines de la tenue du 8ème congrès de l'USFP, toute la scène politique s'interroge sur l'issue d'un rendez vous que les socialistes marocains veulent refondateur, et qui marquerait un point de départ d'une nouvelle dynamique de rassemblement de la Gauche Marocaine.

Si la débâcle électorale de Septembre 2007 a suscité une effervescence intellectuelle sans précédent dans l'histoire du parti - à travers la publication de divers articles et l'organisation de séminaires autour de l'union de la gauche et la refondation de l'USFP- force est de constater l'absence totale de projets politiques lisibles dans les différentes candidatures briguant la primature.

Quelle ligne politique l'USFP adoptera-t-elle à l'issue du congrès ? Quelle lecture sera faite sur l'expérience de l'alternance ? Quel avenir prédit-on à la Koutla et à l'alliance contre-nature avec le parti de l'Istiqlal ?.... Autant de questions qui restent sans réponses face au mutisme suspect qui entoure les candidatures en lice. Ce congrès risque d'être un terrain d'affrontement et de rivalité entre certaines personnes, dont la majorité ont effectué des mandats désastreux à des postes de haute responsabilité (partisane ou gouvernementale), condamnant ainsi la confrontation d'idées tant attendue. Ainsi, le message de renouveau que les Usfpéistes souhaitaient délivrer aux citoyens marocains lors du 8ème congrès devra se faire attendre quelques années de plus.

Plus que jamais, l'USFP a besoin « d'une véritable refonte à gauche », qui permettra de former ce pôle de gauche tant attendu, de clarifier les clivages au sein de la scène politique marocaine et enfin d'enterrer la séries de compromis politiques et idéologiques de la période post-alternance. C'est de cette manière que l'USFP sera en mesure de jouer le rôle qui lui est attribué, à savoir : apporter des réponses claires aux questions portant sur la réforme politique de l'Etat, la crise sociale, la réforme des structures économiques, le démantèlement du système rentier..; et faire face à l'archaïsme et au conservatisme qui menacent la fragilité des quelques acquis obtenus après des décennies de luttes et de souffrances.

Paris, Le 12 Juin 2008